Marvin Jernidier (ISC 13) lauréat du prix "Talents d'Outremer"
Marvin vient de recevoir un prix "Talents d'Outremer" qui récompense des ultramarins au parcours d'exception. Entrepreneur, il est aussi engagé bénévolement pour accompagner des ultramarins vers leur retour dans les îles.
Découvrez le témoignage d’un ultramarin inspiré et inspirant !
Bonjour Marvin
Tu as grandi en Guadeloupe et ta maman a fait le choix de t'envoyer poursuivre tes études en France où tu as choisi d’intégrer l'ISC Paris. Peux-tu nous raconter ?
En Guadeloupe, j'étais persuadé que j'étais condamné à l'échec. Dans mon entourage, je ne cessais d'entendre que compte tenu de mes origines et de mon milieu social d'origine, c'était mort d'avance. Et puis, comme plus jeune, j'étais turbulent, je sentais que la plupart des gens ne croyaient pas en moi plus que cela. En m'accompagnant à Paris, ma mère m'a offert de meilleures conditions pour me créer un nouveau mindset petit à petit. J'ai choisi l'ISC Paris, parce que c'était la meilleure grande école ou je me sentais à l'aise. J'ai vu des parcours d'alumni antillais inspirants, comme Alain LAVITAL, lauréat du Hall of Fame ISC Paris Alumni, à l'époque directeur chez Louis VUITTON, ça m'a rassuré sur le champ des possibles. En vrai, L'ISC m'a beaucoup aidé à me vivre comme un acteur de ma vie. Franchement, ce genre de changement prend du temps, j'ai dû beaucoup grandir encore après, en partie grâce aux petites graines que certains formateurs m'avaient plantées dans la tête.
Quel a été ton parcours après ton diplôme ?
J'ai voyagé longuement à Londres, puis j'ai bossé comme chef de projet pour une SSII qui travaillait pour le secteur public en Guadeloupe, avant de bosser comme Web Analyst chez Disneyland Paris, puis référenceur chez Google en Irlande et chef de projet marketing digital à Air Caraïbes en Guadeloupe. Oui, j'ai beaucoup bougé ! haha
Ensuite tu as décidé de quitter ces grands groupes et créer ta propre entreprise. Quel a été le "déclic" ?
Oui, en effet j'ai créé l’agence web MJ Metrix, l'une des 3 agences Google Partner des Antilles Guyane. Et bien, je me suis rendu compte que le salariat dans un grand groupe n'était pas du tout fait pour moi à Air Caraïbes. Parce que la boîte est vraiment géniale, j'avais de bons résultats, et le directeur Yoann PAULIN me mettait vraiment dans les meilleures dispositions qu'un salarié puisse espérer selon moi. Et malgré cela, je n'étais pas heureux, car j'aime trop foncer. Dans une boîte historique, y a beaucoup de conduite du changement à faire, des choses simples peuvent prendre un ou deux ans, c'est parfois le temps qu'il faut pour ne pas abimer le bien-être et la cohésion des équipes.
Tu viens de recevoir un prix "Talents d'Outremer" qui récompense des ultramarins au parcours d'exception, tant académique que professionnel et des valeurs humaines portées. Bravo !
C'est un prix créé par l'association antillaise CASODOM et parrainée par le président de la république Emmanuel MACRON. Tous les deux ans, CASODOM récompense et met en lumière les parcours de Français d'Outre-mer d'exception, pour que d'autres ultramarins soient inspirés par des réussites qui leur ressemblent, comme je l'ai été moi par des anciens de l'ISC Paris. Cette association fait des œuvres sociales dans le sens noble du terme, puisqu'elle conditionne l'assistance ou la visibilité qu'elle offre au travail ou au mérite. Je considère que l'assistance aux personnes, sans condition de travail ou de mérite, est de l'assistanat et j'y suis assez opposé.
Ce prix récompense notamment ton initiative "le Cercle des ambitieux" qui a accompagné déjà 50 personnes pour leur "retour au pays". Raconte-nous !
Franchement, j'en suis très fier, même si le Cercle, il est moins actif maintenant. Malgré tout, une à deux fois par an, avec Betty FAUSTA - une amie et une personnalité très importante et influente dans le monde de la tech - on organise des job boards pour les entrepreneurs et futurs cadres antillais qui veulent revenir au Pays. On est super aidé par SPRING ( branche cadre du Groupe Adecco ), l'UDE-MEDEF, l'APEC aussi une fois, et par d'autres de notre génération ou des plus jeunes. Vraiment, on ne manque pas de soutien.
Pourquoi tant d'importance pour le retour en Outremer, qu'est-ce que cela signifie pour toi ?
Je crois que retourner à la terre qui nous a enfanté est source de bienfaits. Pour les juifs, c'est l'Alyah, la remigration en terre Israël. Et pour nous les antillais, c'est la Rouvini. Sans faire de philo, en gros, un Pays ou une région n'est pas un réservoir de ressources dans lequel on se sert puis sur lequel on crache et qu'on abandonne ou qu'on utilise...il faut aussi le préserver et lui apporter un peu de sa valeur en retour. Exactement, comme on doit agir avec un être humain.
Et puis, un territoire ou les plus qualifiés s'en vont et ne reviennent pas se déséquilibre. Or, la France Hexagonale et le Canada forment la plus grande partie des jeunes qualifiés antillais par manque d'offre de formation, et à cause d'un décifit dans notre écosystème. Nos îles auraient totalement dérivé sans l'action du Cercle des Ambitieux, et celle d'organisations comme Alé Vini, Alé Viré, Addecco, ou Laïza Marie Consulting. Je pense qu'ils ne rendent pas tous bien compte de l'impact qu'on a tous ensemble, mais le mouvement qu'on a créé est vraiment historique et décisif.
Quels conseils donnerais-tu à un étudiant/Alumni qui souhaite retourner en Outremer ?
Il faut réfléchir sérieusement à son projet et réseauter en amont. Moi, j'ai commencé depuis l'Irlande quand j'étais chez Google. Se connecter avec l'UDE-Medef, le réseau entreprendre, le groupe Facebook "Cercle des Ambitieux", le réseau des alumni de l'ISC (pour les anciens de l'ISC ) etc... Et plus généralement, toutes les associations business et entrepreneuriales avec une bonne vision qu'on peut identifier.
Quelque part, tu es un exemple pour eux n'est-ce pas ?
Ben ça me fait un peu bizarre, mais on me le dit souvent en tout cas. Tant mieux si le petit perturbateur sur lequelle personne ne comptait peut inspirer du monde...lol. En tous cas, je suis toujours le même, en mieux ( plus gentil, plus ouvert ), et je prie pour que mes succès et mon langage franc ne soient pas pris pour de l'arrogance. Qu'est-ce que je prends des coups parfois... ça forge !
Si je t’appelle dans 3/5 ans, qu’est-ce que tu aimerais m’annoncer ?
Que j'ai une femme, des enfants heureux et épanouis qui parlent plusieurs langues. ( Je passe une annonce là, coucou, salut lol ) Et que je bosse uniquement pour le plaisir, plus du tout pour assurer mon train de vie.
Quel est ton meilleur souvenir de tes années ISC ?
Je dirais mon échange au Chili. Claire VERDIER avait bien fait en sorte que je me retrouve bien bien seul là-bas, elle disait que les Français aimaient trop rester entre eux, surtout quand on était de la même école. Et c'était une super idée, c'était neuf mois de folie en immersion totale avec les Chiliens et quelques expats qui ne parlaient pas un mot de Francais. Les Chiliens sont magnifiques : accueillants, positifs. Là-bas, j'ai vécu des expériences inoubliables et je suis devenu bilingue en espagnol.
Qu'est-ce que t'a apporté ton cursus à l'ISC Paris ?
D'abord L'ISC m'a apporté des amis, du réseau et m'a aidé a prendre davantage confiance en moi. A l'ISC on est très valorisé, il faut faire attention, on peut même prendre la grosse tête lol. L'ISC m'a aidé à avoir une pensée encore plus disruptive qu'elle ne l'était déjà à la base. J'ai particulièrement aimé Francois CAZALS, Miguel LIOTTIER, Marc Antoine DELEUZE, leurs cours étaient vivants, parfois drôles ; toujours exigeants intellectuellement. Ils n'ont pas attendu la mode du story telling, ces trois-là c'était vraiment des raconteurs d'histoires.
Un dernier mot ?
Ce sera 2 proverbes :
"Le seul endroit ou réussite vient avant travail c'est dans le dictionnaire".
"On ne jette pas les armes avant d'avoir combattu".
Merci beaucoup Marvin pour cet échange très inspirant ! Et j’espère que tu viendras me présenter tes enfants dans 5 ans ;)
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